Acquis par le ministère de la Culture et de la Communication en 2012 auprès d’un collectionneur, le tableau La Sainte Famille sera accroché dans le trésor de la cathédrale d’Albi et visible par le public à partir du 19 décembre.
Peinte vers 1530 et sans doute réalisée à Albi, cette huile sur panneau de chêne (92 x 73 cm) commandée par le chanoine Anne Regin, alors vicaire général d’Albi, est attribuée au peintre anversois Karsten van Limbos. Ce Flamand, connu aussi sous les noms de Christian Valumbres, Valumbras ou Valimboy, fit sans doute un voyage en Italie et s’installa en Provence. Une autre de ces œuvres, Jésus parmi les docteurs déposée au musée de l’Emperi de Salon-de-Provence, présente des ressemblances avec la Sainte Famille.
La scène est construite autour de la figure de la Vierge qui occupe la place centrale du panneau et tient l’enfant Jésus debout sur son berceau. Celui-ci se tourne vers Jean-Baptiste. À l’arrière se tiennent Élisabeth et Joseph.
Le chanoine Anne Regin avait offert La Sainte famille à la cathédrale de Clermont, ville d’où il était originaire et où il a fini ses jours. La restitution de ce tableau dans la cathédrale de Clermont n’étant pas envisageable aujourd’hui, il a été choisi de le présenter dans le trésor de la cathédrale Sainte-Cécile d’Albi qui s’enrichit ainsi d’une œuvre majeure.
La bonne compréhension de ce tableau, tant d’un point de vue historique qu’artistique, aura nécessité un long travail de recherche de la part d’historiens d’art, de conservateurs des monuments historiques de trois régions (Midi-Pyrénées, Provence-Alpes-Côtes d’Azur et Auvergne) et des conservateurs des antiquités et objets d’art.
La restauration de la couche picturale a été réalisée, avant l’acquisition, par Jacques de Grasset (Avignon) et celle du support par Philippe Duvieuxbourg (Avignon). Pour la présentation à Albi, le châssis-cadre a été conçu par Philippe Hazaël-Massieux (Avignon), les constats d’état et les contrôles de climat ont été réalisés par Hélène Garcia (Gaillac), l’accrochage par Jean-Luc Parrot (Vénès)
La Sainte Famille
Huile sur panneau de chêne (92 x 73 cm) attribuée au peintre anversois Karsten Van Limbos, vers 1530.
Le commanditaire
Appartenant à la noblesse auvergnate, et neveu du cardinal Antoine Duprat qui occupa en dernier lieu l’évêché d’Albi, Anne Regin exerce les fonctions de son oncle qui n’y séjourne pas. C’est en tant que vicaire général d’Albi qu’il commanda et, sans doute, fit réaliser à Albi le panneau.
La Sainte Famille fut offerte par le chanoine Regin à la cathédrale de Clermont d’où il était originaire et où il finit ses jours (1556). Une inscription en bas à droite du tableau permet de documenter cette oeuvre : « Don du noble seigneur Anne Regin, docteur en droits, pronotaire apostolique, chantre et chanoine de cette église, grand archidiacre et chanoine d’Albi ». Une description ancienne des épitaphes et inscriptions de la cathédrale précise que cette oeuvre était présentée dans la chapelle Sainte-Anne où le commanditaire était enterré avec d’autres membres de sa famille.
Le peintre
Karsten van Limbos, connu aussi sous les noms de Christian Valumbres, Valumbras ou Valimboy, est un peintre flamand qui fit sans doute le voyage en Italie puis s’installa en Provence. Sa présence est attestée à partir de 1527 à Cavaillon, puis à l’Isle-sur-la-Sorgue et à Carpentras.
Une autre huile sur panneau connue de Van Limbos, datée de 1542 et représentant Jésus parmi les docteurs, anciennement appelée Pentecôte, a été identifiée à l’église Saint-Michel de Salon-de-Provence. Classée au titre des monuments historiques, elle est déposée au musée de l’Emperi de cette même ville.
Les deux oeuvres présentent des ressemblances stylistiques : figures, architectures, perspectives, écriture qui font penser que c’est le peintre lui-même qui a tracé l’inscription du tableau d’Albi.
Une autre Sainte Famille de la cathédrale Saint-Apollinaire de Valence (Drôme), classée au titre objet par arrêté du 25 septembre 1905, est attribuée au peintre.
L’iconographie
La scène est construite autour de la figure de la Vierge qui occupe la place centrale du panneau. Elle tient l’enfant Jésus debout sur son berceau ; il se tourne et avance vers Jean-Baptiste qui porte des pommes dans un pan de son vêtement. À l’arrière de Jésus et de Jean-Baptiste, se tiennent respectivement Élisabeth et Joseph. Le buste de la Vierge est mis en valeur par l’architecture à l’arrière plan, la scène étant agrémentée, de part et d’autre, d’une draperie à gauche et d’un paysage à droite.
La Sainte Famille et le trésor de la cathédrale d’Albi
Le tableau de La Sainte Famille a été acquis en 2012 par le ministère de la Culture et de la Communication pour le trésor de la cathédrale d’Albi auprès d’un collectionneur qui l’avait acquis voilà une trentaine d’années sur le marché de l’art. La restitution du panneau à la cathédrale de Clermont n’étant pas envisageable aujourd’hui, il a été choisi de le présenter dans le trésor de la cathédrale d’Albi.
La restauration a été réalisée en 2004 par Jacques de Grasset pour la couche picturale et Philippe Duvieuxbourg pour le support. Le châssis-cadre a été réalisé par Philippe Hazzaël-Massieux. Les constats d’état et les contrôles de climat ont été réalisés par Hélène Garcia.
Notes
Jean-Claude Boyer : « Fiamminghi en terre d’oc ? Le cas de la Sainte Famille du chanoine Regin », dans Peindre en France à la Renaissance, actes des journées d’étude des 29 et 30 octobre 2010, Genève 2011.
Nicole Dacos, Fiamminghi a Roma, 1508-1608, artistes des Pays-Bas et de la principauté de Liège à Rome à la Renaissance, Bruxelles-Rome, 1995.
«Épitaphes et inscriptions des principales églises de Clermont-Ferrand d’après les manuscrits de Gaignières », mémoires de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Clermont-Ferrand ; 2e s. fasc. 17 pp. 38-39.
Procès-verbal de la 4e section de la commission nationale des monuments historiques du 13 juin 2012.
Source : Communiqué de la Préfecture du Tarn